Article posté avec l'aimable autorisation de Christiane Doreau, correspondante pour le Messager.
Rony Brauman : "La notion de guerre juste est irrecevable"
Président de Médecins sans Frontières de 1982 à 1994, Rony Brauman donnait une conférence mardi 7 février salle Louis Simon sur le thème des guerres humanitaires.
Il a rappelé que lors de la création des Nations Unies, l'ingérence était un délit. C'est très récemment que l'ONU a décidé de la responsabilité de protéger les populations, rendant ainsi légal l'usage de la violence. Or toute guerre est juste aux yeux de ceux qui la déclarent, et dès qu'il y a guerre, il n'y a plus d'information, il n'y a que de la propagande. D'où la difficulté pour les citoyens de se faire une opinion. Aucune information claire n'a été donnée en ce qui concerne le conflit Lybien, tout est faux.
Pour R.Brauman, "une guerre juste répond aux 5 critères définis par Thomas D'Aquin : elle doit être un ultime recours ; elle doit être menée avec une intention droite ; elle doit avoir des motifs légitimes ; elle ne doit pas donner lieu à des méthodes plus violentes que celles que l'on veut combattre ; et il faut qu'existent des chances raisonnables de succès"
Pour notre conférencier, "aucune des guerres humanitaires récentes (Afghanistan, Irak, Lybie) ne répondent à ces critères. Qui plus est, elles ont conduit au pouvoir des milices et des groupes armés car quand la violence règne, ce sont les violents qui sont favorisés, les modérés sont écartés, écrasés. Sous un couvert humanitaire, ces guerres sont devenues des guerres de civilisation" Alors, comment se débarrasse-t-on des dictateurs ? "un peuple qui se soulève contre un dictateur finit toujours par obtenir gain de cause, c'est dans le processus qui va mener à la prise de pouvoir que le peuple va acquérir les qualités nécessaires à l'accès à la démocratie. La démocratie c'est un cheminement, et c'est la pacification de la lutte pour le pouvoir"
"le combat de la civilisation contre la barbarie, qui ressort des guerres actuelles, n'est que de la propagande" déclare l'ancien président de MSF.
CHRISTIANE DOREAU